C’est dans le tumulte du Risorgimento que Giacomo rencontre Marie-Sophie. Il est l’un des héros de la révolution pour l’unité italienne. Elle est la reine du royaume des Deux-Siciles, et sœur de Sissi, l’impératrice Elisabeth d’Autriche. Parmi les bruits de la guerre, au milieu des traîtres, des garces et des saintes, ils vivent un amour fou, impie, maudit peut-être. Adversaires officiels, ils seront bientôt ennemis.
Pendant toute la lecture, je n’ai cessé de faire des recherches pour réussir à démêler le vrai du faux. Jean-Pierre Cabanes nous plonge dans la quête d’unification de l’Italie où il mêle avec brio destins fantasmés et destins ayant réellement existés. Le personnage de Giacomo est inventé, mais celui de Marie-Sophie est quant à lui bien réel, de même que ceux de Cavour, Garibaldi et Victor-Emmanuel.
Si l’Italie n’est pas un sujet qui vous intéresse, ni la façon dont le pays que nous connaissons aujourd’hui s’est formé, je vous déconseille ce livre qui reste très riche en détails, en scène de batailles et en réunions politiques et stratégiques. Le roman commence en 1848, à Possenhofen pour Marie-Sophie, et lors du siège de Milan pour Giacomo. Au fil des pages, les villes italiennes tombent les unes après les autres. En 1860, le Royaume des Deux-Siciles, dont Marie-Sophie est devenue la reine par son mariage avec François II la reine, est annexé au nouveau royaume d’Italie, et en 1870, la prise de Rome signe la fin de l’unification italienne.
Au début, j’admets avoir été attirée par l’histoire promise entre Marie-Sophie, sœur de l’Impératrice d’Autriche Sissi, et Giacomo Cesari, protagoniste du Risorgimento. L’auteur remplit son contrat car le fil conducteur de l’histoire est effectivement cette histoire d’amour entre les deux personnages, puis l’évolution de leur relation, chacun dans un clan différent.
J’ai trouvé le roman bien rythmé, alternant entre un romantisme délicat, raffiné presque prude et une guerre qui déchire l’Italie d’alors et exalte les passions des combattants.
Je dirais qu’il s’agit d’un roman complexe par son écriture et l’alternance des chapitres et des thèmes bien dosés.
La facilité avec laquelle Marie-Sophie va vers les hommes, surtout à la fin du roman, m’a cependant surprise. Le romancier ne fait pas assez état de ses pensées et j’avais le sentiment qu’il prêtait à la reine déchue des aventures pour entretenir un personnage libéré qui fait fi des convenances. J’ai aimé la liberté qu’a pris l’auteur de faire rencontrer des personnages connus, mais pourtant je m’interroge encore sur la nécessité et la justification de ce passage où Marie-Sophie rencontre Louise Michel sur les barricades de la Commune…