La Robe blanche, Nathalie Léger

« Elle voulait porter la paix dans les pays qui avaient connu la guerre. Elle pensait, disait-elle, faire régner l’harmonie par sa seule présence en robe de mariée. Ce n’est pas la grâce ou la bêtise de son intention qui m’a intéressée, c’est qu’elle ait voulu, par son geste, réparer quelque chose de démesuré et qu’elle n’y soit pas arrivée. Une robe blanche suffit-elle à racheter les souffrances du monde? Sans doute pas plus que les mots ne peuvent rendre justice à une mère en larmes. »

L’idée de départ était intéressante. Nathalie Léger mélange deux destins, deux parcours complètement atypiques. D’abord, il y a une jeune Italienne, Pippa Bacca, qui décide de relier Milan et Jérusalem en auto-stop en portant une robe de mariée pour diffuser un message de paix. Ensuite, il y a la mère de l’auteure, déçue de son mariage, qui veut que sa fille se venge pour elle à travers l’écriture en racontant.

Mais les deux histoires ne se correspondent pas et se font à peine écho si ce n’est à travers le thème de la féminité. Le projet était beau mais il a été mal traité, ou alors j’ai mal compris ce traitement si particulier. Il y avait certainement la possibilité de faire un lien entre ces deux destins brisés. De plus, le roman est court, il ne raconte pas vraiment d’histoires, il fait plutôt un état des lieux. C’est davantage une réflexion philosophique sur la vie de ces deux femmes qu’un récit. J’aurais voulu que les deux histoires soient plus creusées, et je dois bien l’admettre, celle de Pippa en particulier. La mission qu’elle s’était donnée sortait de l’ordinaire et son destin (violée puis tuée) nous ramène à cette sauvagerie humaine et masculine qui saccage les messages de paix que, de tout temps, les femmes ont voulu prôner.

Le problème tient vraisemblablement aux deux thèmes et à leur public. Pour un public jeune, l’aventure de Pippa est captivante, mais le récit du mariage de la mère de l’auteure a peu d’intérêt. A l’inverse, pour un public plus averti (je pense notamment aux femmes mariées entre quarante et soixante ans), le mariage est un thème qui les prend aux tripes, qu’elles comprennent et qu’elles analysent. Mais malheureusement, l’histoire de Pippa n’est pas assez développée pour des lectrices aguerries.

Nathalie Léger écrit deux histoires aux publics complètement opposés.

Malgré tout, l’écriture est belle, assez légère. Je ne qualifierai pas ce livre de roman, mais plutôt d’essai sur la condition féminine.

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