Deux Soeurs pour un roi, Philippa Gregory

«Je serai sombre, française, à la mode et difficile ; vous serez douce, ouverte, anglaise et belle. Quelle paire nous formerons ! Quel homme pourrait nous résister ?» Tels sont les premiers mots prononcés par Anne Boleyn à l’endroit de sa soeur Marie quand elle la rejoint, en 1522, à la cour d’Angleterre.

Introduite au palais de Westminster, à l’âge de 14 ans, Marie Boleyn séduit le roi Henri VIII auquel elle donnera deux enfants. D’abord éblouie par le souverain, elle comprend qu’elle sert d’appât au milieu des complots dynastiques. Quand l’intérêt du roi pour elle s’émousse, Anne est chargée de le séduire à son tour…

Deux sœurs pour un roi raconte l’histoire des sœurs Boleyn face au roi Henri VIII constamment insatisfait de ses épouses qui ne parviennent pas à lui donner un fils. Ce XVIème siècle anglais assez particulier nous est raconté par Mary, la plus jeune des sœurs. Elle est repérée par le roi pour sa douceur et son calme. Puis sa sœur ainée, Anne, revient de la cour de France, très à la mode à l’époque. Elle est jeune, belle, et a un tempérament de feu qui intrigue le roi et qui se démarque de toutes ces jeunes femmes qui sont à ses pieds. Peu à peu, Henri VIII délaisse Mary et sa femme d’alors, Catherine d’Aragon. Il est hanté par Anne qui se refuse à lui tant qu’ils ne seront pas mariés. Seulement, le divorce n’existe pas à l’époque. Un mariage ne peut être annulé que par le pape. La femme d’Henri, Catherine, avait d’abord épousé le jeune frère de celui-ci, Arthur, avant qu’il ne meurt prématurément à l’âge de 15 ans. Auprès de la papauté, Henri VIII tente donc de faire annuler son mariage sous prétexte que Catherine n’était plus pure pour leurs noces. Le pape refuse tout argument et maintient le mariage. Henri VIII décide alors de se séparer de l’Eglise de Rome et de créer sa propre Eglise : l’Eglise anglicane. Il y a alors un « divorce royal » et Henri VIII est libre d’épouser Anne Boleyn.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Anne Boleyn, maintenant reine, a pour charge de donner un héritier au trône. Henri VIII est obsédé par cette succession mâle que Catherine n’a pas su lui donner (ils ont eu un fils qui est mort quelques jours après sa naissance et une fille qui, elle, se porte bien, Mary). L’histoire veut tristement qu’Anne ne parvienne pas à donner de fils au roi. Nait une fille, la future Elizabeth Ière, l’une des reines les plus puissantes que l’Angleterre ait connue… pourtant complètement délaissée par son père.

Le roman, pour en revenir au fond, raconte parfaitement ces histoires de pouvoir et ces jeux d’influence. Racontée à la première personne du point de vue de Mary, l’histoire nous fait comprendre l’honnêteté de la jeune femme et l’ambition grandissante de sa sœur aînée. Ce point de vue nous immisce dans la vie anglaise de cette époque et on imagine sans mal les châteaux aux vieilles pierres ainsi que les demeures un peu perdues dans les larges étendues campagnardes. Ce roman met aussi l’accent sur les mariages arrangés : c’est le cas de la famille d’Anne Boleyn, qui souhaite mettre la jeune femme entre les mains du roi dès qu’il se lasse de Mary. La position de favorite apporte en effet une meilleure condition sociale, des titres et beaucoup d’argent à la famille de (l’heureuse ?) élue. Anne se prend ensuite au jeu.

Deux sœurs pour un roi est certes un gros pavé, mais on plonge dedans sans problème. La traduction de l’écriture de Philippa Gregory est fluide et très agréable à lire. C’est un bon roman pour en apprendre davantage sur les mœurs de ce XVIème siècle anglais méconnu dont on ne retient, la plupart du temps, que l’image d’un roi obèse sur la fin de sa vie, déambulant dans des palais sombres.

Spoiler

Le destin veut qu’Anne soit victime d’un procès que lui organise le roi. Elle meurt finalement décapitée. Son erreur ? Ne pas avoir donné de fils au roi. Son crime (supposé) qui lui vaut de se faire couper la tête : adultère, inceste et trahison. Henri VIII se remarie ensuite plusieurs fois :

  • Jeanne Seymour parvient à lui donner un fils, Edouard VI, mais elle meurt en couche.
  • Anne de Clèves est répudiée.
  • Catherine Howard est exécutée pour adultère et trahison.
  • Catherine Parr lui survit…

Parmi les enfants d’Henri, Edouard VI monte sur le trône puisqu’il est le seul mâle héritier. Il règne six ans avant de mourir à 15 ans. Le trône passe alors à la reine Marie, fille de Catherine d’Aragon, qui règne aussi six années. Enfin, la couronne est recueillie par Elizabeth, fille d’Anne Boleyn, qui règne pendant les 44 années que l’on a appelées l’ère élisabéthaine.

 

Voici un arbre généalogique pour parvenir à s’y retrouver un peu :

 

Film réalisé à partir du roman : (cliquez sur l’affiche)

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