Mansfield Park, Jane Austen

Fanny Price, 10 ans, enfant miséreuse, quitte Portsmouth pour être recueillie par son oncle aisé Sir Thomas Bertram et sa famille dans leur manoir nommé Mansfield Park. Ses cousins et cousines la méprisent et lui rappellent constamment qu’elle leur est inférieure, à l’exception d’Edmund qui lui apporte un peu de réconfort et dont elle tombe secrètement amoureuse. Mais l’équilibre familial, déjà fragile, est menacé par l’arrivée de deux jeunes Londoniens, frère et soeur, Henry et Mary Crawford. Le mode de vie et les valeurs des habitants du lieu sont mis à mal. Fanny, demandée en mariage par un très bon parti, se refuse au prétendant en raison de son amour caché pour Edmund. Son tuteur entre alors dans une profonde colère, lui laissant le choix entre un mariage de raison ou un retour à sa condition misérable.

 

Mansfield Park est un roman étonnant, tout en crescendo. Au début, on compare Fanny à Cendrillon. Pauvre mais jolie, discrète et un peu utilisée par la famille, Fanny est mise à l’écart à cause de sa condition sociale. L’intrigue met du temps à décoller et ce n’est que vers la page 300 qu’on commence à retrouver les histoires chères à Jane Austen (conflit social, mariage d’argent contre mariage d’amour, etc.) Le premier tiers du roman traîne trop en longueur. Les cousins de Fanny et leurs amis souhaitent organiser une représentation théâtrale pour tromper leur ennui. Mais la scène s’étire, on comprend mal où l’autrice veut en venir. Étonnamment, la scène de bal, quelques centaines de pages plus loin est, elle, très rapidement expédiée alors que je me serais bien délectée de quelques descriptions supplémentaires.

Cependant, malgré une intrigue un peu flottante au début, Mansfield Park reste un roman de Jane Austen avec tout ce que l’écriture de la grande romancière anglaise suppose : des analyses sociales et amoureuses, une langue magnifiquement maniée (ou plutôt traduite à merveille, mais une bonne traduction impose un texte de départ d’une grande qualité) et une ironie toute en finesse dont on ne peut se lasser. Les romans de Jane Austen ont bien cette qualité de dénoncer des faits sociaux et la supériorité que certaines gens peuvent ressentir. Mansfield Park, avec cette intrigue fondée sur la différence sociale des Price et des Bertram, n’échappe pas à la règle. L’ironie dont l’autrice fait preuve à l’égard de Mrs Norris est particulièrement délicieuse.

Mansfield Park était l’un de ses romans que Jane Austen voulait le plus abouti possible. Les caractères sont bien décrits et les personnalités ne ressemblent à aucun autre personnage austinien. Il est compliqué de faire des comparaisons avec d’autres romans, alors que certaines sont possibles entre Orgueil et Préjugés et Persuasion, avec la froideur de Darcy et celle de Wentworth. Par ailleurs, en tant que roman le plus abouti, c’est peut-être également le roman de Jane Austen le plus engagé. Il y est (bien que rapidement) question de l’esclavage, alors que l’autrice s’attachait toujours à rester neutre de toute opinion politique.

 

Film réalisée à partir du livre : (cliquez sur l’affiche)

 

Téléfilm réalisée à partir du livre : (cliquez sur l’affiche)

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