Alabama Song, Gilles Leroy – Goncourt 2007

Les garçons des clubs, les jeunes officiers du mess, je les tiens dans ma main gantée de fil blanc. Je suis Zelda Sayre. La fille du juge. La future fiancée du futur grand écrivain. Du jour où je l’ai vu, je n’ai plus cessé d’attendre. Et d’endurer, pour lui, avec lui, contre lui. Montgomery, Alabama, 1918. Quand Zelda, «Belle du Sud», rencontre le lieutenant Scott Fitzgerald, sa vie prend un tournant décisif. Lui s’est juré de devenir écrivain : le succès retentissant de son premier roman lui donne raison. Le couple devient la coqueluche du Tout-New York. Mais Scott et Zelda ne sont encore que des enfants : propulsés dans le feu de la vie mondaine, ils ne tardent pas à se brûler les ailes…

Prix Goncourt 2007

Qui n’a jamais rêvé de vivre pendant les Années Folles ? L’effervescence des fêtes façon Gatsby Le Magnifique, un Paris d’artistes bohèmes où vivaient Picasso, Dali, Emingway et Joséphine Baker, un entre-deux-guerres plein de décadence, d’alcool et de créativité exacerbée. C’est pourtant d’autres Années Folles que Gilles Leroy nous livre dans ce roman Prix Goncourt 2007. Ce sont les Années Folles de Zelda Fitzgerald, celles qui l’ont littéralement rendue folle… folle de désespoir. 

Gilles Leroy explique que son roman n’est pas une biographie mais une fiction inspirée de la réalité. Toutefois, on ne peut s’empêcher de vouloir démêler le vrai du faux. Scott était-il le salaud que Leroy décrit ? Il y a du vrai, évidemment. Il s’avère que Scott avait du talent mais sa femme aussi : chose inadmissible pour certains hommes. Il a donc insisté pour que son nom soit apposé à côté de celui de sa femme, en prétextant qu’elle serait ainsi publiée puisqu’elle avait une caution masculine. (Petit parallèle avec ce cher Albert Einstein, vous pouvez avoir un petit résumé de l’histoire dans ma chronique sur Madame Einstein). Zelda avait du talent, Scott ne le supportait pas. Il voulait une femme belle, ce qu’elle était. “Southern Belle” comme on dit : une Belle du Sud, comprenez les Etats sudistes. Zelda venait d’une famille riche, prospère et respectée de l’Etat d’Alabama. Dans ces années Trente, elle avait tous les garçons qu’elle voulait à ses pieds. Jeune, belle, indolente, charmeuse. C’est ainsi que Leroy nous décrit Zelda, et bien qu’on n’en sache pas grand chose, on a envie de le croire. On a envie de croire à ce terrible destin d’une belle jeune femme brisée par un homme cupide, obsessionnel et incapable d’aimer. 

Gilles Leroy fait le parallèle du destin de Zelda avec ceux des héroïnes de Scott, notamment Daisy dans Gatsby Le Magnifique : jeune femme magnifique, pleine de vie, mais brisée dans son couple car amoureuse d’un autre. 

L’écriture de Leroy est atypique. Cadencée, nerveuse, incisive, sa plume nous embarque dans les tréfonds de l’âme de Zelda avec une troublante justesse. D’aucuns ne pourraient supporter cette écriture hachée. Pour ma part, elle m’a captivée. Je ne suis pas étonnée que le roman ait reçu le Prix Goncourt. 

J’ai voulu en savoir plus sur le destin de cette étonnante jeune femme. J’ai ainsi dégoté la série Z : là où tout commence, disponible sur Prime Video, avec Christina Ricci dans le rôle de Zelda. La série se laisse regarder mais j’ai trouvé qu’elle s’essoufflait sur la fin… A chacun de se faire son avis !

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