Fruit des amours d’un dieu et d’une mortelle, Circé la nymphe grandit parmi les divinités de l’Olympe. Mais son caractère étonne. Détonne. On la dit sorcière, parce qu’elle aime changer les choses. Plus humaine que céleste, parce qu’elle est sensible. En l’exilant sur une île déserte, comme le fut jadis Prométhée pour avoir trop aimé les hommes, ses pairs ne lui ont-ils pas plutôt rendu service ? Là, l’immortelle peut choisir qui elle est. Demi-déesse, certes, mais femme avant tout. Puissante, libre, amoureuse…
Quelle saison est-elle la mieux adaptée pour lire un roman sur la mythologie que l’été ? Allongée sur la plage à me faire dorer par le soleil, j’ai adoré lire Circé. L’histoire de cette nymphe et sorcière est trop peu connue et Madeline Miller a eu la bonne idée de vulgariser et de romancer sa vie.
Circé est avant tout la fille de Perséis et du Soleil, Hélios, descendant des Titans Hyperion et Théia. Les héros de mythologie ne se réduisent en effet pas aux dieux olympiens que des BD bien connues dont je ne citerai pas le nom (Astérix, oups !) ont fait connaître. Il y a aussi les Titans : des êtres bien plus puissants que les Olympiens dans la mesure où ils étaient là avant eux car ils ont créé l’univers. Les Titans sont les descendants d’Ouranos (le Ciel) et Gaïa (la Terre). Suite à la Titanomachie, guerre entre Titans (menés par Cronos) et Olympiens (menés par Zeus, fils de Cronos) les Olympiens ont pris le pouvoir mais craignent toujours les Titans. En effet, ces derniers ont accepté de se retirer après la défaite mais restent sur leur garde. Zeus se partage ensuite le monde avec ses deux frères : Poséidon aux océans et Hadès aux Enfers.
Circé évolue dans ce monde d’Olympiens et n’a pas vraiment de pouvoirs dans ce nouvel ordre. Les Titans font peu de bruits mais restent puissants.
Madeline Miller nous livre ici un récit de la vie de Circé, fille non-aimée de ses parents et moquée par ses frères et sœurs plus malins et plus puissants. Elle se découvre des pouvoirs qui la mènent finalement à l’exil sur l’île d’Aétès où elle rencontre Ulysse et d’autres marins qu’elle transforme systématiquement en porcs.
Alors que les représentations collectives jugent Circé comme la « méchante » de l’histoire, Madeline Miller imagine ici une justification à ses agissements et nous présente une Circé femme avant tout, amoureuse et jalouse, libre mais enchaînée sous le poids des traditions titanesques.
Le récit en lui-même est léger, plaisant à lire. On se laisse porter par l’écriture sans trop savoir où toute cette histoire va nous mener, mais on devine que l’esprit indépendant de Circé nous réserve des surprises.
Les 50 dernières pages m’ont pourtant paru longues. Il ne se passait plus rien et je peinais à finir ce roman que j’avais tant aimé commencer.
Circé n’en reste pas moins un excellent livre pour mieux connaitre l’histoire de cette femme, tantôt nymphe, tantôt sorcière, trop oubliée par l’histoire. Excellente alternative aux textes courts quand on veut se plonger dans la mythologie pour longtemps !
Spoiler :
Les cent dernières pages : une fois Ulysse tué par son fils Télégonos, l’histoire ralentit. Télémaque et Pénélope débarquent sur l’île de Circé, mais le rythme de l’histoire perd en dynamisme. C’est une succession de dialogues, de remords et d’introspection. On perd le côté magique auquel les pouvoirs de Circé et les apparitions d’Hermès nous avait habitués. Je pense néanmoins qu’il ne faut pas s’arrêter à ce détail et qu’il ne faut pas hésiter à ouvrir ce roman si agréable et qui change des autres par son thème !