Réalisateur : Jacques Dorfmann
Date de sortie : 1987
Acteurs principaux : Jiang Wen, Huai-Qing Tu
Le Palanquin des Larmes de Chow Ching Lie est si complet et si doux à lire qu’il était compliqué de vouloir en faire un film. Il fallait faire des choix quant aux thèmes à aborder, ce qui est dommage. La vie de ses parents n’est pas évoquée alors qu’elle permet de mieux comprendre l’ancienne Chine que la génération de la narratrice est en train de quitter. De même, j’ai cru au début que le film serait beaucoup plus axé sur les questions politiques (occupation de la Chine par les Japonais, guerre civile à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, puis révolution de Mao), mais elles constituent davantage une trame de fond.
On peut peut-être reprocher au film de manquer de dynamisme, mais d’un autre côté un tel film ne se regarde pas pour les « blagues » et les « effets spéciaux ». Néanmoins, on comprend mal si l’on n’a pas lu l’ouvrage de Chow Ching Lie. On comprend les enjeux de son mariage, mais les débuts de son union sont mal décrits et les enchaînements d’événements sont assez maladroits. Dans son livre, Ching Lie nous explique aussi les coutumes qui peuvent nous choquer ou nous surprendre, alors qu’elles nous font face dans le film sans aucune explication. Ching Lie sait que son lectorat est occidental et elle fait preuve d’une pédagogie inexistante dans l’adaptation.
On se laisse cependant émouvoir par la relation que Julie/Ching Lie a créée avec son père.
Toutefois, les sentiments sont mieux expliqués dans le livre et la narration à la première personne de Chow Ching Lie nous intègre au récit. Elle nous prend à témoin et nous touche profondément. Bien sûr, cette dimension personnelle que l’auteure crée avec son lectorat n’existe pas dans le film. Je pense que c’est aussi cet aspect qui fait la beauté du roman et qui, fatalement, fait l’échec du film.