Madame Bovary à l’écran (2014)

Réalisatrice : Sophie Barthes

Date de sortie : 2014

Acteurs principaux : Mia Wasikowska, Ezra Miller, Paul Giamatti, Rhys Ifans

 

C’est sans doute la meilleure adaptation de Madame Bovary. L’actrice qui joue Emma (Mia Wasikowska) est jeune, à l’image du personnage du roman, et interprète à merveille l’aspect rêveur, ambitieux et constamment insatisfait d’Emma. Contrairement au film de Claude Chabrol, celui-là n’est pas particulièrement sombre et tend à décrire la vie normale des gens dans la campagne normande qui a inspiré Flaubert dans son livre. Certains petits détails du livre qui ont énormément d’importance pour Emma sont bien respectés (la boite à cigares du marquis qui fait comprendre au lecteur son aspect matérialiste, le panier d’abricots qui accompagne la lettre de rupture pour décrire l’aspect symbolique qui se cache derrière chaque action ou chaque parole des personnages de Flaubert). A l’inverse, des éléments essentiels sont passés sous silence. Ainsi, le marquis d’Andervilliers n’a pas une place aussi importante dans le livre puisqu’Emma et Charles ne sont invités qu’une fois lors d’un bal (et non une chasse à courre comme dans le film). Par ailleurs, on comprend que le personnage du marquis a fusionné avec celui de Rodolphe Boulanger, deuxième amant d’Emma, dont la place est centrale dans le roman. Pourtant, cela ne change pas grand-chose puisqu’Emma est, dans le film comme dans le roman, séduite par un homme fortuné. De plus, dans le roman, Charles et Emma sont les parents d’une petite fille, Berthe, dont l’existence n’est même pas mentionnée dans le film, ce qui aurait permis de faire comprendre l’égoïsme d’Emma car elle se désintéresse de sa fille pour ne s’occuper que d’elle-même. Pour finir, l’acteur qui joue Charles Bovary a certes le jeu adéquat, mais pas la plastique. Charles Bovary est censé être plus âgé qu’Emma et d’apparence commune pour ne pas dire fade (une chose qu’Hollywood a encore du mal à admettre).

Comme les autres films, celui-ci n’arrive pas à restituer l’aspect humoristique que Flaubert a donné à son livre. Cet humour qui se cache dans les finesses de l’écriture ne peut être transmise à l’écran. Peut-être qu’une voix-off lisant mot pour mot les lignes de Flaubert permettrait de sauvegarder cet aspect pour le moment propre au livre qui fait pourtant l’intérêt de l’histoire. Tant que l’humour de l’auteur ne sera pas restitué, le problème restera le même au cinéma : le spectateur n’y verra que l’histoire d’une femme adultère qui s’endette. La fin laissera alors toujours un goût de « déjà-vu » et de « rien d’extraordinaire ».

Pourtant, et malgré ces bévues, le film reste cohérent et on retrouve aisément l’idée du « roman sur rien » que voulait Flaubert. Le jeu de Mia Wasikowska est poignant de vérité et l’actrice a véritablement compris le tempérament futile, matérialiste et inconséquent d’Emma.

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