L’Eveil, Kate Chopin

En Louisiane à la fin du XIXe siècle la vie est paisible : villas du bord de mer, soirées musicales, robes de mousseline et enfants sages. Aux yeux d’Edna, cette quiétude confine à la torpeur. Une émotion amoureuse, un parfum enivrant et la vie change de registre. C’est  » l’éveil « . La jeune femme découvre son goût de vivre, sa créativité, son corps, elle-même en somme. Découverte qui ne va pas sans poser problème, dans l’Amérique de ces années-là  non seulement pour l’héroïne mais aussi pour l’auteur, dont l’œuvre fut jugée scandaleuse, dénoncée par la presse et mise au ban des librairies de Saint-Louis. Il a fallu attendre les années soixante pour que Kate Chopin, celle par qui le scandale arriva, trouve sa place parmi les grands classiques de la littérature américaine.

 

 

L’Eveil n’est pas sans faire penser à Madame Bovary. J’ai étudié l’œuvre de Flaubert pour mon baccalauréat et Flaubert lui-même disait que son Madame Bovary était un “livre sur rien”. C’est un peu ce que l’on peut penser de L’Eveil. L’aspect très introspectif du roman m’a également rappelé le Mrs Dalloway de Virginia Woolf bien que les thèmes abordés soient différents. 

 

Edna Pontellier est une mère de famille qui vit en Louisiane. Son mari et elle ont une belle situation et leur famille est bien intégrée dans la bonne société de la ville. Toutefois Edna s’ennuie et découvre peu à peu des activités comme la peinture et la nage qui la sortent d’une forme de torpeur, d’un quotidien routinier et établi. Elle “s’éveille”. Mais elle s’éveille en négligeant ses devoirs, ne recevant plus ses amis et, aux yeux de certaines de ses connaissances, en minimisant l’amour qu’elle porte à ses enfants. 

 

C’est un roman délicat, descriptif et à l’écriture subtile. J’admets qu’il faut être concentré quand on décide de lire L’Éveil, mais les enjeux du roman sont tellement importants qu’on se recadre tout seul si notre esprit en vient à vagabonder ailleurs. 

 

Pendant de nombreuses années, L’Eveil a été censurée à cause de son côté subversif, de cette femme mariée dont l’esprit s’émancipe de son mari, des convenances et de sa place dans la société. Pendant plusieurs décennies, le roman n’a en effet pas été réédité, censuré par les bonnes mœurs de l’époque. Madame Bovary n’a-t-il également fait l’objet d’un procès lui aussi, avant d’être finalement réhabilité…? 

 

Un livre à lire pour une culture littéraire et féministe. 

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