part des flammes

La Part des Flammes, Gaëlle Nohant

Mai 1897. Pendant trois jours, le Tout-Paris se presse à la plus mondaine des ventes de charité. Les regards convergent vers la charismatique duchesse d’Alençon. Au mépris du qu’en-dira-t-on, la princesse de Bavière a accordé le privilège de l’assister à Violaine de Raezal, ravissante veuve à la réputation sulfureuse, et à Constance d’Estingel, qui vient de rompre brutalement ses fiançailles. Dans un monde d’une politesse exquise qui vous assassine sur l’autel des convenances, la bonté de Sophie d’Alençon leur permettra-t-elle d’échapper au scandale  ? Mues par un même désir de rédemption, ces trois rebelles verront leurs destins scellés lors de l’incendie du Bazar de la Charité.

 

 

La Part des flammes n’est pas sans faire écho à la récente série coproduite par TF1 et Netflix, Le Bazar de la Charité. Pourtant, la série n’est en rien l’adaptation du roman.

Je vous renvoie à cet article d’Allociné si la similitude roman/série vous frappe également :  http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18685699.html

Le roman raconte donc ce tragique épisode de l’histoire mondaine de France. Le 4 mai 1897, un incendie embrase le Bazar de la Charité où des femmes de la haute bourgeoisie parisienne se réunissent pour leurs œuvres caritatives. Le départ de feu provient du cinématographe Joly-Normandin installé dans une salle en guise de divertissement.

En une vingtaine de minutes, la charpente de bois est dévorée par les flammes et 121 victimes trouvent la mort. On compte sept hommes, “dont trois vieillards et trois enfants” écrit Gaëlle Nohant. Doublant la catastrophe incendiaire, l’inaction des hommes de la bonne société est un scandale que l’on tente d’étouffer à Paris. Ce sont les garçons de café, les hommes de la rue qui se sont précipités pour porter secours aux femmes et non leurs époux, maris et pères qui eux, ont fui les lieux pour sauver leur peau.

Gaëlle Nohant propose un roman complexe : traiter des conséquences d’un drame à travers plusieurs personnages. Finalement, elle narre la vie qui continue, les douleurs des pertes humaines, les esprits écorchés et changés à jamais. Nous suivons plusieurs destins : ceux de Violaine de Raezal, Constance d’Estingel et Pauline de Fontenilles.

Violaine est une jeune veuve qui tente de se trouver une occupation dans la vie, Constance est une jeune fille promise à journaliste et Pauline de Fontenilles est une femme respectée à l’assise sociale solide. Leur point commun, à part le fait qu’elles sont victimes de l’incendie, est de faire partie de la haute bourgeoisie. On suit leur histoire et la façon dont cette classe de la société, toujours hautaine et sûre d’elle, est ébranlée dans ses racines les plus profondes.

En plus d’être un roman sur un tragique accident, La Part des Flammes choisit un traitement féministe du sujet. Les personnages principaux, hormis le fiancé de Constance, Laszlo de Nérac, sont des femmes. Les sujets abordés concernent la vie des femmes de cette époque-là à l’instar des mariages qui, loin d’être des symboles d’émancipation féminine, permettent uniquement de passer d’une tutelle masculine à une autre.

 

L’écriture de Gaëlle Nohant est fluide et agréable. Ses descriptions nous replongent sans problème dans le Paris de la fin du XIXème siècle. Pourtant, sur le fond, j’ai été déçue du manque d’aboutissement de certains personnages comme de certaines situations. L’incendie en lui-même n’est pas décrit. De même, on ne suit pas la Duchesse d’Alençon (pourtant argument de vente dans le synopsis) et elle n’est évoquée qu’à travers les souvenirs de Violaine et de Mary Hogart. Par ailleurs, l’amitié entre ces deux personnages se scelle trop rapidement et le passage où elles se livrent mutuellement à des confidences apparaît bien trop hâtif dans une relation, particulièrement à cette époque où il était d’usage de se méfier des autres.

C’est le problème de ces romans “sans péripéties”. Il s’agit ici de raconter les conséquences d’un événement mais l’action se place au début du roman. Par conséquent, l’intrigue est un peu plate même si on se laisse emporter par ses différents destins et les descriptions de la vie parisienne mondaine.

 

Si vous cherchez un roman plein d’actions et de rebondissements, La Part des Flammes n’est pas celui qu’il vous faut. En revanche, si vous souhaitez une lecture calme et truffée d’anecdotes sur la médecine et les habitudes de l’époque, il est fait pour vous !

 

 

Et le cinématographe dans cette histoire ?

La première séance de “cinéma” remonte au 28 décembre 1895 au Salon Indien du Grand Café, à Paris. Seulement 33 personnes assistèrent à la première séance, mais la semaine suivante, jusqu’à 2 500 personnes se bousculaient par jour pour voir ce miracle de la technologie : des photos qui bougent.

Un cinématographe au Bazar de la Charité était donc l’occasion de faire davantage connaître cette invention, coqueluche du tout-Paris à cette époque.

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