pouvoir

Le Pouvoir, Naomi Alderman

Et si les femmes prenaient enfin le pouvoir dans le monde entier ? Aux quatre coins du monde, les femmes découvrent qu’elles détiennent le « pouvoir ». Du bout des doigts, elles peuvent infliger une douleur fulgurante. Et même la mort. Soudain, les hommes comprennent qu’ils deviennent le « sexe faible ». Mais jusqu’où iront les femmes pour imposer ce nouvel ordre ?

 

Dans Le Pouvoir, Naomi Alderman imagine la fin du patriarcat, non pas pour un monde d’unité, mais pour la mise en place d’un matriarcat. Les jeunes filles découvrent qu’elles possèdent “le pouvoir”, la possibilité d’utiliser un courant électrique qu’elles ont en elles. Ce courant, propre au genre féminin, inquiète les hommes. 

On suit plusieurs personnages sur différents continents, ce qui nous permet de comprendre l’évolution du monde avec différents points de vue. Naomi Alderman fait monter crescendo le rythme de son roman et les enjeux du pouvoir. Au début, à l’instar des personnages, on découvre ce courant électrique avec lequel des adolescentes jouent. Filmant leurs exploits, les vidéos se propagent sur internet. Puis on comprend tout ce qui peut se développer autour : on crée des écoles non-mixtes où les filles développent et contrôlent leur pouvoir tandis que les garçons sont mis en sécurité dans leurs propres écoles. On mène des études sur cette nouvelle capacité humaine. Bien sûr, l’aspect mystique prend le dessus et une dérive religieuse prônant un dieu “femme”, la Mère, utilise ce phénomène méconnu de la science pour affirmer son assise. De même, les intérêts politiques et les perspectives d’élection sont réévalués. Comme une denrée précieuse, le pouvoir est utilisé. Il réveille la corruption, les ambitions et la violence. 

Au-delà du fait d’utiliser “le pouvoir” des femmes pour justifier la violence et l’instauration d’un climat de craintes, Naomi Alderman a trouvé l’élément qui permet d’imaginer le retournement de situation. En effet, le pouvoir, c’est la force des femmes. A cause de lui, les femmes sont craintes par les hommes.

 

Spoiler

Les pires situations de notre monde sont inversées : des drogues sont élaborées pour exacerber le pouvoir. Les hommes doivent avoir des “gardiennes” qui ne sont pas sans rappeler la période antérieure à l’émancipation de la femme où celle-ci était sous l’autorité d’un mari, d’un frère, d’un cousin et ne bénéficiait d’aucune liberté. Les hommes ne peuvent plus voyager si une gardienne n’est pas notifiée sur leur passeport. Ils sont regardés de travers dans la rue quand ils sont seuls, changent de trottoir quand ils voient des femmes. Pour finir, le pouvoir donne lieu à des dérives sexuelles et les femmes maltraitent et violent les hommes. Autant de situations qui existent encore de nos jours dans certains pays et qui étaient encore d’actualité dans les nôtres (pays occidentaux) il n’y a pas plus d’un siècle. 

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Là où Naomi Alderman veut certainement en venir, c’est que les femmes auraient besoin de ce “pouvoir” pour faire aux hommes tout le mal qu’ils nous font depuis des siècles… Mais eux le font sans raison, car le seul pouvoir qu’ils possèdent, c’est la force dont ils se croient les seuls détenteurs. L’autrice imagine donc la manière dont notre monde pourrait basculer et l’équilibre des forces, s’inverser. Finalement, un matriarcat ne vaut pas mieux qu’un patriarcat. Etymologiquement, “arcat” vient du grec “arkhê” qui signifie “pouvoir, diriger”.  Le sens premier du verbe archô est « aller en tête, montrer le chemin, guider » et sous-entend l’idée de domination qui repose sur un individu.

Tant qu’il y aura un pouvoir, il y aura une supériorité de laquelle découleront craintes, violences et inégalités.

Le Pouvoir est un roman qui fait réfléchir sur la notion de pouvoir (sans surprise), de supériorité, d’égalité, de sexisme, de manipulation, de violence, de peur et d’instauration d’un climat de peur. 

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