la valse inachevée catherine clément

La Valse inachevée, Catherine Clément

Dans La Valse inachevée, Catherine Clément mélange deux écritures avec réussite : celle de l’historienne et celle de la romancière.

En effet, sur fond biographique de la célèbre impératrice Sissi, l’auteure parvient à nous expliquer les balbutiements de la Première Guerre Mondiale, les tensions entre la Serbie, la Bosnie, la Herzégovine et l’empire austro-hongrois. Les passages purement historiques sont peu nombreux et agréables à lire, même pour un public peu averti des styles historiques. De même, le côté romancé est écrit avec justesse. On ressent tout le malheur de cette femme qui n’a pas voulu devenir impératrice et qui tente, toute sa vie durant, d’être un tant soit peu libre malgré ses contraintes impériales. Nous sommes loin de la vision féérique que nous ont laissée les films avec Romy Schneider dans le rôle titre. Un mariage à 16 ans, quatre enfants dont deux décèdent avant elle, un mari infidèle, un cousin adoré qui meurt dans d’étranges circonstances, et finalement un assassinat pour le simple fait d’être impératrice. La vie d’Elizabeth regorge d’injustices à plus d’un titre. D’ailleurs, dans son roman, Catherine Clément n’appelle jamais l’impératrice « Sissi », sauf sortant de la bouche de son mari Franz. Mari que l’on voit peu ! L’auteure s’est voulue pudique face à ce couple à l’intimité compliquée. Franz était amoureux de Sissi mais ça n’était pas réciproque. Face à plusieurs relations adultérines, Sissi lui choisit habilement une maîtresse, comme pour se donner un semblant de contrôle sur la vie sentimentale et sexuelle de son époux.

Les noms sont rares dans ce roman. Sans avoir lu la dernière de couverture avant de le commencer, on peine à savoir qu’il s’agit de l’histoire de l’impératrice car la première partie, qui se déroule au Bal de la Redoute, laisse peu d’informations sur les personnages. On a l’impression de valser d’un personnage à l’autre. D’abord dérangé, on se laisse finalement happer par ce jeu où l’on ne sait qui est qui, à l’image des personnages qui l’ignorent eux aussi.

Enfin, l’autre aspect du roman, et non des moindres, c’est la vie d’un Viennois du XIXème à travers le personnage attachant de Franz Taschnik. Catherine Clément donne là des informations anecdotiques : la rivalité des deux Strauss (père et fils), la façon dont était perçue l’impératrice dans le cœur de ses sujets, les relations entre les Viennois et les Hongrois et leurs divergences d’opinions sur les questions politiques et impériales.

Le livre de Catherine Clément se lit très bien, tout en pudeur et en respect pour cette impératrice dont on a disséqué la vie sous tous les aspects. C’est une autre forme de biographie car on y voit tous les éléments importants de la vie de Sissi et on comprend que cette femme n’a jamais été heureuse, sauf peut-être en Hongrie et dès qu’elle quittait Vienne qu’elle exécrait, reflet de ses obligations politiques, familiales et impériales.

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